Il est un des sommets dont je ne me lasserai jamais de gravir et de le proposer à ceux qui voudront bien me suivre. Le pic d'Iraukotuturru en fait parti. Certes son altitude est modeste, 1150m mais avec un parcours propice aux délices terrestres et pédestres offrant par moment quelques jeux de mains , jeux divins. D'ailleurs dans les rangs on pouvait parfois entendre que la randonnée prenait des allures d'alpine mais sans danger par temps sec.
Alors il a bien fallut aller le chercher ce pic, remonter cette jolie vallée où coule et serpente ce magnifique ruisseau qu'est l'Estérenguibel pour ce planter devant cette face nord sombre et austère. Noir c'est le mot du jour. On aurait pu espérer un peu plus de couleurs en ce dimanche 28 février mais c'est le noir qui allait dominer. Pourtant la journée débuta avec quelques éclaircies mais celles ci n'allaient pas durer en raison d'une goutte froide d'altitude et vagabonde . J'y reviendrai. Remontant cette vallée se ramifiant en de nombreux vallons, celui de Maluzaharre fut choisit. Là, désolation, terre brulée, noircie par des écobuages récents, l'humidité ambiante faisait remonter une odeur qui prenait la gorge et piquait le nez. Pour la biodiversité pas terrible, seul avantage d'anciens sentiers apparaissent mais pour combien de temps encore. Arrivés à la hauteur d'une grange, un peu de verdure fut appréciée. Je donnais quartier libre pour gravir ce pré où nous attendaient quelques brebis et leurs supportrices. Telle une équipe de footballeurs le jeu se déploya sur toute la largeur et la longueur du terrain pour finalement atteindre le 1er but : la crête d'Athékaxabale qui devait ensuite nous conduire au 2ème : le sommet de la journée. Déjà, à ce niveau, de beaux points de vue et de jolies perspectives s'offraient à nous. Le cheminement devenait simple mais pas toujours évident, plaies et bosses se succédaient, alors pour se jouer des obstacles que le terrain nous proposait, nos corps se mirent à épouser amoureusement et gracieusement le relief, les mains parfois semblaient tout naturellement utiles, tout fut bon à prendre. Pierres et racines devenaient nos fidèles compagnes favorisant l'apparition de quelques gouttes de sueurs sur nos fronts. Le pic d'Irau semblait lointain mais pour mieux faire apprécier et diminuer la distance je parlais de contre jour. L'arrivée au sommet se fit sur les 12 coups de midi mais là haut l'instant fut bref. En effet la goutte froide ayant pu faire mijoter ses plats favoris outre frontière, ceux ci se mirent à déborder coté français et nous pûmes les déguster. Au menu rafales de vent froid de sud et pluie venant nous cingler le visage. Le coin ne manquant pas d'abri, la cabane du col d'Irau avec sa bergerie fut notre refuge pour une bonne heure. Ce ciel donnant une atmosphère sombre, noire, et frigide empêcha tout désir d'aller plus loin (Okabé) mais le plaisir fut pris lors de cette ascension d'autant que pour finir notre repas quelques douceurs et délices furent distribués à tour de bras pour le dessert. Le ciel devenant plus lumineux, c'est sous quelques gouttes que débuta ainsi la descente par la crête Malbey et dès que le soleil faisait de brèves apparitions favorisant le réchauffement du fond de la vallée, un subtil zéphyr se mit à nous envelopper et caresser auquel on pouvait adjoindre à ces brumes légères et fugaces nos pensées en direction du pic d'Irau. Le retour aux voitures se fit tranquillement sans se presser en prenant du hors sentier histoire d'étirer tendons et ligaments mais aussi de vielles sentes faisant parti d'un patrimoine pastoral d'antan vouer à disparaitre à tout jamais au profit des pistes carrossables défigurant, entaillant et saignant ces belles montagnes basques. Les voitures furent atteintes à 15h30, une petite boisson gazeuse fut prise et un retour à Orthez à 17h20 permit à chacun de retrouver sa chaumière avant le couvre feu de 18h. Très belle randonnée dans un cadre sauvage et dans une excellente humeur et convivialité. Merci à tous les participants. Une autre sortie en projet mais finalement qui sera inscrite au programme prochainement puisque le chaînon manquant (sentier) fut découvert. Cette fois ci ça sera par la longue et tentaculaire crête Peredikaheguy, direction Okabé et clin d'oeil au chapeau pointu Iraukotuturru, sans goutte froide et couvre feu bien sûr.
Denis.
Goutte froide et sueurs chaudes au Pic d'Iraukotuturru
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