Sept, ils étaient sept. 5 femelles et 2 mâles. Ils sont venus d’en bas, d’Orthez disent-ils avec leur boîtes fumantes et colorées par le chemin du col de Bergout (1664 m) pour goûter à la première neige. Leur chef là bas en bas, il a un nom qui me fait peur : « Tonnerre » ai-je compris, brrrrr , j’en frissonne …
Un peu hésitant au début, ils choisissent l’itinéraire que j’ai emprunté, pour attaquer l’épaule de ce petit sommet qui est mon territoire. Il ferait un bon renard, leur conducteur …
La neige s’était accumulée avec ce vent ce qui m’a obligé à lever les pattes ! Eux aussi, ils ont cherché le cheminement le plus facile, précédé par un autre bipède qui manifestement envoyait du lourd, déjà redescendu lorsqu’ils étaient à mi- pente.
Arrivés au sommet, il se sont mis à faire un tour d’horizon avec des noms de sommets inconnus et si loin pour moi, avant d’aller « casser la croûte » comme ils disent, à l’abri d’Eole, ce capricieux.
A propos de croûte, à 1625 mètres la neige était épaisse d’environ 6 cm avec une croûte initiale de glace sur le sol d’environ 1 cm dixit l’un d’entre eux qui regardait avec une sorte de loupe l’état des cristaux. … J’y étais donc un peu plus tôt cette nuit et il faisait un vent froid à me faire gonfler le poil sur le dos. La neige s’était déjà transformée.
Après les agapes réglementaires, agrémentées d’un petit nuage taquin de brume, pour créer une ambiance « montagne » les voilà repartis pour la descente via la crête vers la cabane d’Aspre.
Tif, tof, tof … la couche s’y prêtant les voilà descendus s’extasiant sous les arbres givrés dans un fond de ciel d’azur. Curieux dépôts de givre sur la neige, qui m’ont fait penser (panser) à ma dernière poule … un bon repas ou ses plumes laissées en souvenir sur le sol ont certes un peu agacé l’agriculteur du coin …
Ils semblaient assez contents de cette journée, la bande des joyeux cafistes, même qu’en haut j’ai entendu parler d’un bon coup de gnole ?
Bien, le froid revient et les nuages avec. Il me faut maintenant retourner à mon terrier, bien au chaud avec ma renarde à moi, Ils ne m’ont pas vu, mais j’ai bien suivi tout leur périple à ces artistes du bâton et du sac à dos …
Allez, je rentre, avec un petit souvenir, un gant oublié dans la cabane ; eux aussi, même qu’ils allaient boire un coup avant de se séparer, parait-il ! Il y a des moments, j’ai parfois envie de devenir un être humain pour pouvoir philosopher et lire et relire le petit prince … Mais, qui va m’apprivoiser ?
Signé : le Goupil
Le Layens, 7 décembre 2014